•     Grande amatrice de littérature jeunesse de par ma fonction, je me suis bien sûr délectée de la lecture de "Harry Potter et les reliques de la mort", dans lequel j'ai à nouveau admiré l'immense talent de J.K. Rowling pour provoquer les situations les plus périlleuses et les péripéties les plus dangereuses sans jamais verser dans l'invraisemblable ni déroger à la plus parfaite logique - et tout en maintenant une atmosphère quasi "chaleureuse", en insufflant chaque fois que possible une bonhomie qui lui est toute particulière dans le caractère ou le comportement des personnages ; la bienveillance, la générosité, l'enthousiasme tissent des liens indissolubles et de plus en plus déterminants entre les héros qui, de plus en plus nombreux, font bientôt figure d'une immense famille autour du jeune Harry à tel point qu'on peine à accepter, dans l'épilogue, qu'il retombe dans un quotidien quasi ennuyeux. Mais nous rétorquera-t-elle, c'est là le propre de l'âge adulte : on devient détaché, quand la tâche d'éducateur vous revient... Maintenant c'est au tour des enfants, de vivre leurs propres aventures (vite dit !)

    Harry Potter et les Reliques de la Mort


        Cependant si le titre de mon article est "Autre", c'est précisément parce que je veux vous présenter ma trouvaille la plus récente, je veux parler du romancier Pierre Bottero qui, quoique bien jeune encore (il a 43 ans), a produit une vingtaine de romans dont certains lui ont garanti un succès mérité : je veux parler de la double trilogie d'Ewilan (La Quête d'Ewilan, en trois parties, puis les Mondes d'Ewilan, en trois parties également), une série dans le genre fantastique. 

        Désireuse de le découvrir et peu séduite par le genre "fantasy" d'Ewilan, je me suis lancée plutôt dans sa plus récente trilogie, celle intitulée précisément "l'Autre" :  du Fantastique également , dont le mérite est de nous présenter, sur le thème classique du couple de jeunes gens appelé à sauver l'humanité, une sorte de cosmogonie expliquant l'invasion du Mal sur la Terre par le réveil d'une entité maléfique bien définie et dont la destruction reste possible, celle que l'on appelle évasivement "l'Autre", et dans laquelle on pourrait bien reconnaître la vision judéochrétienne de "la Bête de l'Apocalypse", ou tout simplement du Démon.
        Pour preuve de son réveil et de ses sévices, il récupère une part de l'actualité que nous vivons : les guerres, les épidémies, les désordres climatiques, tout cela est son œuvre. Enfin, du moins de sa partie "émotionnelle" - sujet du second livre "le Maître des Tempêtes".
        C'est ce volume que je viens de terminer et qui force mon admiration.

    L'Autre - La Maître des Tempêtes

     
        Après une première partie, intitulée "Le Souffle de la Hyène", où il campe la situation et les personnages - qui ont tous leurs souffrances et leurs difficultés, leurs divergences surtout - et où il montre l'Entité démoniaque formée de trois parties (comme une trinité), la première physique, la seconde émotionnelle et la troisième mentale, où il montre enfin avec brio la destruction par les héros de la partie physique (structure classique d'un roman fantastique où les arts martiaux trouvent leur place), la seconde partie s'articule sur un tout autre projet : comment vaincre le mal au plan émotionnel ? Ou encore, comment le démon agit-il dans le coeur des hommes ?
        Et de montrer la haine et ses racines, la jalousie et la rancune, l'orgueil et les préjugés, l'envie et la colère... Petit à petit, passées les premières impressions d'étrangeté face à un monde de plus en plus envahi de monstres peu engageants, on s'aperçoit qu'on évolue en pleine allégorie. Il y a un sens à trouver à tout cela, sous-jacent, et dont les héros doivent faire l'épreuve en eux-mêmes. Mieux ! C'est un adulte, c'est le propre grand-père du héros qui montre la voie et lui donne l'exemple : il doivent apprendre à pardonner. C'est la voie royale vers la destruction de la seconde partie de "l'Autre" (sa part émotionnelle), qui va conduire à inverser la marche vers la violence qui s'était amorcée en ramenant la Paix et l'Amour sur la Terre.

    L'Autre - le Souffle de la Hyène


        Thème connu, me direz-vous, au cœur de la saga d'Harry Potter et remontant au moins à la Tétralogie de Richard Wagner.
        Oui, mais tellement bien mis en valeur, dans un ensemble brûlant d'actualité et mis à la portée de jeunes d'aujourd'hui. Dans le bain de régénération qui permet à Shaé, transformée en Dauphin, de diluer en elle tout ce qui restait de colère et de rage - un poison affirme-t-elle - on reconnaît certaines thérapies par le sommeil ou par l'eau, et surtout la pratique de la méditation, qui sont comme suggérées, en contrepoint d'une histoire apparemment toute simple et pleine, elle aussi, de péripéties inattendues.

        Vous me croirez si vous voulez, mais je n'ai pas encore lu le troisième volume : cela ne saurait tarder, il est sur mon bureau !


    L'Autre - La Huitième Porte



        "La Huitième Porte", témoin de la structure symbolique de l’œuvre puisque, elle-même construite en trois parties, elle repose sur la puissance des nombres : le nombre trois mais surtout le nombre Sept, omniprésent et qui assure la perfection, alors que l'intervention du Huit - ou de l'Autre - la casse.
        Nos héros doivent s'attaquer à la part la plus puissante du Mal, sa part mentale (celle qui manipule les gouvernements, les pensées des hommes, et notamment les fanatismes). Comment vont-ils s'y prendre ? Je crois qu'il va falloir pour cela de très jeunes enfants, mais chut ! J'ai juste tourné les pages pour me faire une idée. Je vous le dirai plus tard !
     
     

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    L'Autre (suite)


        Pour ceux qui croiraient qu'il s'agit d'une BD, voici une photo mieux prise du troisième volume du roman de Pierre Bottero : "L'Autre".


        Et pour vous expliquer le charme qui émane de sa lecture, j'ajoute que je suis heureuse d'avoir pour une fois affaire à un auteur français, ce qui nous change de "A la Croisée des mondes" (Philip Pullman), de "Eragon" (Christopher Paolini) ou des "Mondes de Narnia" (C.S. Lewis), qui nous sont tous livrés (comme Harry Potter) sous forme de traductions.

         Mais je ne résiste pas au plaisir de vous confier ici un extrait du début, pour vous permettre d'apprécier sa vision du héros... La scène se passe dans le Haut-Atlas et l'enfant que nous découvrons n'a que huit ans.



       
    Elio sauta avec souplesse par-dessus le dernier rocher, s'approcha de la source et, soudain, se figea.
         La vasque était vide.
        Il fronça les sourcils. D'abord parce qu'il avait soif, ensuite et surtout parce que, si la vasque était vide, c'est que quelqu'un l'avait vidée.
         Pas un adulte. Les adultes étaient bien trop gros et maladroits pour se glisser sous les buissons épineux. Sans compter qu'ils se fichaient des endroits secrets.
        Pas un adulte donc et pas un enfant non plus. Il n'avait parlé de son refuge à aucun de ses copains, même pas à Leïla, et personne d'Ouirzat ne se risquait jamais par ici.
        Un sourire illumina le visage d'Elio.
        La fée.
        Ce devait être la fée.
        Normal qu'elle ait tout bu. Avec une aile en moins, elle avait dû venir à pied et il faisait chaud.

    Pierre Bottero, L'Autre.
    3e volet : La Huitième Porte.

     
     
        Dès le début, on démarre en plein rêve et surtout, dans un monde étonnant de tendresse. D'ailleurs, tout le problème est là : préserver ce rêve et cette tendresse, que la montée d'une écrasante société de consommation et de soumission  est en train de détruire à tout jamais.

         Autre chose : Pierre Bottero semble avoir beaucoup voyagé ! Dans le premier volume, il décrit des paysages canadiens comme s'il les connaissait comme ses poches, dans le second, ce sont des paysages réunionnais, et dans le troisième, nous partons pour le Cameroun, du côté de Yaoundé, puis pour le
    parc d'Amacayacu en Amazonie, aux confins du Brésil, du Pérou et de la Colombie !  Sans oublier les hauteurs de Marseille, dont l'auteur est originaire, ni Paris, ni le Haut-Atlas... Un véritable régal.
     
     
     
     

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        Pour  répondre à Lyriann qui cherche de beaux livres pour son petit poussin Esteban, je parlerai ici d'un immense poète et amoureux des enfants : Claude Ponti, que certains d'entre vous, ayant des enfants, ont déjà certainement découvert.
        Merveilleux dessinateur de mondes imaginaires, Claude Ponti réussit cette prouesse d'avoir créé  des albums qui sont de véritables bijoux artistiques - et souvent humoristiques en même temps - , pour des enfants très jeunes, à partir de la maternelle.
        Il en émane une gaieté, une tendresse, qui n'ont d'égales que  son immense inventivité qui puise dans notre univers intérieur, dans le monde symbolique : côté tendresse, c'est la griserie des poussins qui surfent sur des pétales de marguerites, côté symboles, c'est le voyage du petit mulot qui explore l'arbre sans fin. Onirique,  surréaliste, Claude Ponti s'affirme par ailleurs dans un tracé clair, équilibré, maîtrisé : son merveilleux album sur Paris (qui lui, s'adresse aux adultes ayant gardé une âme d'enfant - voir ici) en est un témoignage, tout comme le délicieux livre intitulé "Georges Lebanc" (voir ici).
        Explorez à cette page  la biographie et l’œuvre de ce magicien de l'image.

        Puis feuilletez
    certains de ses albums grâce au programme "Chercher au coeur" d'Amazon  :

    "Sur l'île des Zertes" ici
    et "Ma Vallée"
    ici

        Enfin, voici quelques photographies de couvertures, pour vous donner une idée générale de son univers fabuleux.
     
     
    Claude Ponti-Okilélé
    (le nouveau Dumbo ou Vilain Petit Canard)

    Un arbre qui est aussi une mystérieuse matrice...

    Claude Ponti-Le Doudou méchant 
     

    Et ainsi de suite... On ne s'en lasse pas !
     
     
     

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        Voici un poème que j'ai écrit en écoutant une œuvre pour violon et orchestre d'Ernest Chausson, intitulée précisément "Poème". Dans cette magnifique page, le violon semble s'avancer devant l'orchestre qui lui fait écho, et se lance dans une longue déclamation, d'abord paisible, puis véhémente, déchirante, avant de retomber dans le calme de l'acceptation.
        Chausson, comme ses contemporains Vincent d'Indy ou Guy Ropartz, voulait adapter le style wagnérien à la tradition française, et a souvent puisé l'inspiration dans la légende arthurienne - notamment avec son drame lyrique "le Roi Arthus" et son poème symphonique "Viviane". C'est ce qui motive mon allusion à Merlin l'enchanteur.
     
     

    Le Violon

     

    Il est seul
    Ses ailes pliées contre son cœur
    Il est seul et s’agenouille
    Comme l’ange devant Marie

    Il est triste
    Et plus il est triste et plus il est vibrant
    Plus se fait pénétrante la musique de son âme
    La musique du désert

    Sa nuque est si fragile
    Qu’il n’y passe que ses cordes vocales
    Sa poitrine si émouvante
    Qu’il s’y ouvre deux larges blessures

    Mais il est si sensible
    Si doux comme une jeune fille
    Que dès qu’on l’a touché
    Il s’embrase d’amour

    Il éveille le désir
    Et le désarme aussitôt
    Le métamorphosant
    En détresse adorante

    O violon inviolé
    Prisonnier de l’archer qui t’effleure
    Mais ne te blesse point
    Tu es Merlin en son rempart

    Aime et pleure d’aimer
    La forêt t’accompagne
    Et l’immense tristesse des arbres
    Jusqu’en l’éternité


      Voici en illustration musicale
    le début du "Poème" de Chausson,

    interprété par Augustin Dumay et
    l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
    sous la direction de Manuel Rosenthal

     

     

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         Le livre que Clémentine vient de publier et dont je vous ai parlé récemment relate  une descente aux enfers à l'occasion d'une psychanalyse engagée pour les besoins de sa formation professionnelle et qui fut manifestement mal conduite.
        Il évoque donc ce magma que fut le monde des praticiens en la matière dans les années 70-80, souvent non fiable et de plus soumis à des critères financiers tels que, faute de moyens suffisants, on était presque sûr de rester sur le carreau.
     
     

    Psychothérapies sauvages

     
     
         J'ai moi-même connu le même type de situation en 1976, et c'est à cette occasion que j'ai écrit les poèmes que vous trouvez sur ce blog et sur In Libro Veritas, regroupés sous le titre de "Labyrinthes et Flammes". Je devrai au moins à la praticienne fuyante et glaciale à laquelle j'ai eu affaire de m'avoir inspiré certains de mes poèmes les plus puissants - mais sans doute aussi les plus déchirants.

        En hommage au livre de Clémentine, en voici un que j'ai intitulé "Meurtre"... Il reflète bien l'ambiance qu'elle retranscrit.
        Par ailleurs je dois ajouter que si elle s'est lancée dans l'écriture de cette passe difficile, c'est grâce à l'intervention d'un autre psychiatre qui l'a aidée à se reconstruire ; et que de même pour moi, si je me suis tirée de la dépression dans laquelle j'avais été jetée, c'est grâce aux soins que me prodigua ensuite une autre praticienne, beaucoup plus expérimentée et humaine que la première.
     
     
    Meurtre

    La porte est sacrée
    J’entre dans le silence
    Où veillent trois dieux de marbre
    Repos d’anges défaits

    Et retentit alors un hurlement strident
    A l’heure de la mort

    Le martyre achevé
    Elle soumise pleure
    Aux sanglots de son âme arrachée

    Son cœur gonflé égorgé
    Gît à ses pieds comme un petit

    Je la vois battre sa tête aux murailles
    Dolente et gémissante
    Suspendue par les bras aux tentures croisées

    Crucifiez-la !
    Ont-ils crié

    Mais il n’y a personne
    Personne que des anges qui dorment

    Et les voûtes résonnent de son cri à la mort
    Un hurlement strident
    Qui a déchiré en deux la tenture béante
    Déchiré en deux sa gorge
    Un cri qui est sorti de son corps de sa tête tombée
    Un cri sorti du couperet d’acier
    Sorti des mains de l’étrangleur

    Un cri à réveiller les anges
    A tuer le diable qui emporte son âme
    Un cri à détruire la voûte enfermée
    A disjoindre les linteaux de sa croix

    Mais c’est ma tête seulement qui éclate
    Et je ne vois plus rien
    Que la nuit de mes pleurs


     
        On vous fait régresser dans l'enfance, vous dit-on... jusqu'à vous faire vivre votre naissance, peut-être ! Eh bien, j'étais pourtant très acquise au principe de la psychanalyse, mais là j'ai pu constater qu'il s'agissait d'une fumisterie notoire et j'applaudis le fait qu'on en soit largement revenu.
        Car je suis totalement certaine que ma naissance s'est déroulée de façon beaucoup plus harmonieuse que ce que l'on en lit ici, et j'en veux pour preuve qu'à d'autres occasions j'ai pu régresser réellement, grâce à la sophrologie et au rebirth, et que malgré le mal que l'on a pu répandre sur ces pratiques je les ai vécues infiniment mieux, voire même en ai tiré un réel mieux-être. J'aurai peut-être l'occasion de vous en parler un jour.
        En tous cas, je suis certaine - comme Clémentine l'est également de son côté - que la détresse décrite par ce texte était uniquement induite par la personne à laquelle nous avions affaire, et non à notre propre psychisme.

        Mais vous, qu'en dites-vous ? Avez-vous un vécu aussi à cet égard ?
     
     

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