-
La ville d'Issoudun fait sa toilette d'automne...
Sous des douches insistantes,
Agrémentées d'un soleil mouillé,
Elle s'habille de chrysanthèmes
(Toussaint oblige !) :
N'a-t-elle pas quatre fleurs à honorer ?
Le maître jardinier, quand le temps le permetAlors qu'ils sont de marbre
Et même sous la pluie,
Fait la leçon aux arbres
Qui restent dans le fond, intimidés
Par les jolis pupitres,
Les chaises d'écolier...
Ils ont trop peur d'avoir l'air bête,
Les pauvres,
Dans leur costume d'arbres !
De vieilles carrioles, nous en avons ici,
Même pleines de paille ;
Et des râteaux à foin, nous en avons aussi,
Nul besoin de chercher...
Puis vous avez un puits
Haut derrière les choux ;
Mais quand l'eau tombe seule,
Pourquoi se fatiguer ?
Y a qu'à aller au lit,
Parmi les choux aussi...
1 commentaire -
Une petite promenade au point du jour... C'est si beau ce matin !
Le soleil levant jette mille feux sur la brume qui monte de la Théols ;
des rais de lumière rasants percent comme à travers une toile impressionniste...
La Tour Blanche s'éclaire de feux miellés,
tout comme cet arbre paré de splendeur automnale ;
et le maître d'école reprend sa leçon
sans élèves, car ils sont en vacances !
1 commentaire -
Je me méfie beaucoup des champignons... Ayant eu l'occasion de m'en approcher un peu avec des mycologues avertis, j'ai une terreur panique de la phalloïdine, poison mortel contenu d'après ceux-ci dans plusieurs spécimens de la famille des amanites (et pas seulement la "phalloïde"!), et qui peut se transmettre par le simple contact des mains.
Cependant il est vrai qu'aujourd'hui, pour celui qui est équipé d'internet, d'excellents sites permettent de mieux les identifier, sachant qu'outre leur aspect, de nombreux éléments doivent être pris en considération, comme leur pied, le dessous du chapeau, leur taille, leur habitat, et leur odeur. De plus, certains champignons doivent être impérativement bien cuits : ainsi récemment j'ai vu des personnes hospitalisées pour avoir consommé des bolets à pied rouge, pourtant non toxiques, mais qui n'avaient pas été assez cuits.
C'est pourquoi, dans un précédent article, je négligeais volontairement d'emporter un panier en forêt...
Cependant, la rumeur publique a eu raison de moi ! (Ainsi que les délicieux petits "Pieds de moutons" rencontrés par hasard dans l'article en question)... En effet, cette année il y a tant de champignons paraît-il qu'il n'y a qu'à se baisser pour les ramasser...
L'amanite des césars, ou oronge, mets délicieux,
ne doit pas être confondue avec l'amanite tue-mouche, champignon hallucinogène reconnaissable à ses taches blanches sur le chapeau.
On reconnaît l'oronge à son pied jaune et à son odeur de noisette.
Un ami m'ayant fait découvrir dans le bois voisin des Oronges des Césars (qu'habituellement on ne trouve paraît-il que dans le Sud ! Conséquence d'un été très chaud...) je me suis décidée, hier, à partir en quête de "trompettes de la mort" : ne sont-elles pas vendues un prix exorbitant en grande surface ?
Et voici ce que j'ai trouvé dans les bois...
Je n'en avais jamais vu encore ! Qu'en pensez-vous ? Est-ce dangereux ?...
De toutes façons, c'est trop tard : elles sont déjà mangées, à la crème avec des pâtes, en accompagnement du poisson... Nous nous sommes régalés.
1 commentaire -
A l'occasion de cette veille de Toussaint, j'aimerais vous faire partager mon admiration pour l'oeuvre qu'Arthur Honegger a conçue sur un texte de Paul Claudel : la Danse des Morts.
Inspirée à Claudel par les gravures de Hans Holbein, cette "danse des morts" fait allusion aux danses macabres fréquemment représentées au Moyen Age et dont le but était de rappeler au croyant chrétien qu'il n'est que poussière, et que quelle que soit sa position sociale, il finira de façon identique dans la terre. On y voit à la suite un pape, un évêque, un moine, un empereur, un roi, un seigneur, un soldat, un bourgeois, tenant par la main des squelettes représentant la Mort, et dansant avec eux une farandole effrenée...
Gravure d'Holbein représentant la Mort (XVIe s)
Déjà traitée par Berlioz en 1830 dans sa Symphonie fantastique, (le dernier mouvement "Songe d'une nuit de sabbat" - voir ici en cliquant sur "Wittches' Sabbath"- évoque le cliquetis des ossements qui dansent), puis par Saint-Saëns dans sa Danse Macabre (1840, voir ici), et par bien d'autres musiciens, cette "Danse des Morts" s'affranchit de toute présence démoniaque pour revenir à la réalité biblique (un prophète a la vision de la résurrection des corps) en mettant l'accent sur la fragilité du destin humain face à la grandeur divine - thème mystique cher à Claudel.
Elaborée par le célèbre dramaturge en 1938, elle est aussitôt mise en chantier par Honegger et sera montée à Bâle dès 1940 par le chef d'orchestre Paul Sacher, leur commanditaire.
Dans ce premier extrait les ossements, réveillés par l'appel divin, commencent à danser ainsi que sur les fresques évoquées ci-dessus.
Choeur parlé
Souviens-toi homme que tu es esprit
et la chair est plus que le vêtement
et l'esprit est plus que la chair
et l'oeil est plus que le visage
et l'amour est plus que la mort.
Choeur chanté
Dansons, sur le pont de la tombe,
on y danse y danse y danse,
sur le pont du tombeau
tout le monde y danse en rond !
En rond dansons la carmagnole,
vive le son, vive le son,
dansons la carmagnole,
vive le son du clairon !
Récitant
Le Pape !...
L'Evêque !...
Le Roi !...
Le Chevalier !...
Le Philosophe !...
Une des dix-sept gravures sur bois de la Danse macabre
du cloître des Saints Innocents à Paris
Ce second extrait est le plus beau passage de l'oeuvre (début) : intitulé "Lamento", il décrit la détresse de l'homme déchu dans sa chair, face à la magnificence de Dieu. Honegger, de confession protestante évangélique, était aussi profondément croyant que son partenaire Claudel : en témoignent son "Roi David", sa "Cantate de Noël", son "Cantique de Pâques" et même sa 3e Symphonie dite "Liturgique", autant que l'oratorio "Jeanne d'Arc au Bûcher" qu'ils ont conçu ensemble.
"Souviens-toi de moi, Seigneur,
parce que je suis poussière
et que je retournerai en poussière !"
2 commentaires