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    Le Retour

     

        Voir ci-dessous, en vert, le tracé de notre retour vers la Côte d'Ivoire : plus de 1000 kilomètres parcourus à toute vitesse ! (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
     

    Mon Voyage en Afrique noire - 16


        Nous prîmes donc la route à l'arrière d'une grosse voiture confortable, ce matin-là, dès six heures, après une nuit passée dans un bout de couloir à nous battre contre les moustiques minuscules qui nous sifflaient dans les oreilles leurs insupportables zîîîîî zîîîîîîî... Cette fois nous roulions sur une route goudronnée ! Quel luxe ! Je n'avais plus connu cela depuis trois semaines au moins. Notre hôte avait l'intention de rentrer à Abidjan sur la journée, en passant par la seule voie vraiment carrossable, c'est-à-dire en traversant la Haute-Volta (l'actuel Burkina-Faso) par Bobo Dioulasso.
         Je m'émerveillais d'autant plus de notre voyage, que ce splendide autodrome n'était qu'à deux voies, sans marquage au sol si je me souviens bien, et que pourtant nous y roulions à 150 km à l'heure, sans le moindre risque ! En effet la route était droite à perte de vue dans un paysage de steppe quasi désertique, et il n'y passait strictement personne, aucun véhicule dans l'un ni l'autre sens.
        A un seul moment notre conducteur pressa le frein pour s'arrêter progressivement : au loin, il avait vu un troupeau de zébus qui, avec son berger, s'apprêtait tranquillement à traverser la chaussée... J'admirai au passage ces animaux maigres et bossus, poussés par la baguette fourchue du vacher.

     

    Mon Voyage en Afrique noire - 16

    Troupeau de zébus traversant une route au Sénégal (voir ici)
     
        Le passage de la frontière ne posa aucun problème, la voiture appartenant à un coopérant. Nous fîmes halte sans doute à Bobo, mais je n'en ai aucun souvenir - ni de l'endroit où nous déjeunâmes. Je sais seulement que Robert, tout excité, me disait : "Regarde, Martine ! C'est la Haute-Volta ! Comme ça nous aurons même vu Bobo !"

        Nous retrouvâmes Abidjan vers dix-huit heures et, prenant congé avec effusion de notre bienveillant chauffeur, nous nous mîmes en quête d'un endroit pour dormir. C'est ce soir-là sans doute que nous sommes tombés sur un hôtelier sympathique qui entreprit de nous faire cuire une omelette pour le dîner... Mes souvenirs sont assez surréalistes : je me vois dans une cuisine face à cet homme jovial dont nous étions les seuls clients, et j'ai été marquée par cette omelette car jamais je n'y avais vu mettre autant de graisse ! Les oeufs fouettés baignaient dans des flots d'huile et y frisaient en boucles blondes...
        Nous avons trouvé ensuite une petite chambre très simple, sans climatisation ni moustiquaire, au lit de bois dur comme il était habituel dans ces pays, mais propre au moins.

        Le lendemain nous avions diverses choses à faire : la première fut de nous rendre à la banque indiquée par notre généreux prêteur de Mopti, d'y retirer une petite somme de notre compte français pour regarnir notre porte-monnaie, et de le rembourser des billets avancés là-bas.
        La seconde, que j'attendais avec grande impatience, fut de montrer ma cheville à l'Hôpital. Je commençais à être très inquiète : à force de me gratter, en glissant sur la sueur et en étalant le sable du sol sur les écorchures, j'avais fait apparaître des plaies de plus en plus profondes qui semblaient creuser jusqu'à l'os, et mes pieds me piquaient énormément.
        Le verdict nous étonna :
        - "C'est un croco !"
        Effectivement ces blessures se croisaient en dessinant sur mes chevilles comme une peau de crocodile : un microbe issu de la terre s'y était introduit et s'enfonçait ainsi dans ma chair.
        - "Et c'est grave, docteur ?
        - Pas du tout ! Quelques sulfamides, et il n'y paraîtra plus. Mais si vous n'étiez pas revenue, par contre, ça aurait pu devenir grave..."
        Ouf !
        En effet, l'infirmier saupoudra généreusement chaque lésion d'une poudre blanche, puis recouvrit le tout d'un pansement qu'il me recommanda de conserver bien hermétique. Par chance, à Abidjan, je ne risquais plus de marcher dans le sable.
        Et de plus, nous prenions l'avion le lendemain...

        Ainsi avais-je à mon tour connu la rigueur des moustiques, mais Dieu merci, ceux-ci étaient tout de même moins dangereux !
     
     

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