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    La vieille année s’en est allée
    Avec ses peines avec ses joies
    La nuit s’étend sur nos regards
    Illuminés d’un jour nouveau

    Demain viendra le blanc janvier
    Riant de toutes ses promesses
    Et nous croirons à son printemps
    Et nous bondirons en avant

    Connaître de nouveaux départs
    C’est notre lot et notre rêve
    Chaque matin le jour est neuf
    Et chaque hiver vient l’an nouveau

    Dans ce grand cercle où nous valsons
    Puisse l’Amour nous réchauffer
    Et nous porter cœur contre cœur
    Vers l’Éternel Commencement
     
     
       
     

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  •           26 décembre 1984 : nous sommes à Timimoun, en Algérie (voir la carte ici). 

     
         Fraîcheur du matin.
        Bleu du ciel sur la rougeur de l’aube, dans le quartier un peu désolé de Farid : tout est en construction ; les demeures ne sont que rez-de-chaussée, murs de parpaings gris, et les rues sont des couloirs sableux où s’entassent des matériaux.
        Débarbouillage rapide, départ vers la ville pour le petit déjeuner dans une gargote déjà connue. Daniel annonce :
        - Pour ceux qui le désirent, nous partons à pied dans le désert jusqu’au village de Tala, situé dans les dunes, et où l’on peut trouver des pointes de flèches de l’époque préhistorique !
        C’est l’enthousiasme : après tant d’émotions en voiture, tout le monde est disposé pour une marche dans le désert !
     
    Sortie de Timimoun 
     
     
          Dès dix heures du matin, nous sommes en route… Nous repassons par la palmeraie, devant notre campement du premier jour. Un jeune arabe a été embauché pour nous guider : en effet, le sable bientôt brouillera toutes les pistes, et seuls ceux qui savent parfaitement se repérer au soleil sont sûrs de retrouver leur chemin. Il passe devant, avec Daniel.
        Les gens du cru font généralement le voyage à dos de mulet : nous en croiserons quelques-uns, parfois.
        Nous traversons d’abord une zone de désert un peu désolé, qui fait songer à quelque fond de carrière. Là s’étalent d’immenses dépôts d’ordures déjà brûlées d’où s’échappe une vague fumée. Plus loin serpente un égout auprès duquel pousse une végétation rare. Le chemin est un peu terreux au voisinage des croûtes de sel. Mais cette marche facile sur terrain plat ne durera pas longtemps : bientôt nous entrons dans les dunes et la progression « dérapante » devient extrêmement fatigante. Mes baskets peu montantes et aérées de petits trous se remplissent d’une abondance de sable, que je dois vider régulièrement. Si le paysage nous plaît beaucoup, l’avancée nous laisse fort essoufflés.
     


        Avec la montée du soleil, la chaleur s’élève peu à peu : partis de Timimoun où la fraîcheur était encore vive, nous ôtons peu à peu vestes et lainages, pris par l’intensité des rayons que réverbère le sable. Les chapeaux coiffent nos têtes et les lunettes noires apparaissent sur nos yeux.

    En marche vers les dunes
    Le paysage du "Petit Prince" ...


        Pour la première fois – et ce sera la seule – nous avons subitement l’impression d’être revenus en été, au bord de la mer ! Mais où donc serait-elle, dans cette immense étendue de sableuse… ? L’oasis est bien loin, car nous marcherons deux heures, les uns dans les pas des autres, puisant avec bonheur dans nos gourdes d’eau fraîche.



        Photographier aussi nous paraît délicat, car le sable fin qui se diffuse partout menace d'endommager nos appareils. Cependant tout à coup, quelques palmiers noyés par on ne sait quel miracle dans les sables apparaissent. Lorsque nous les croisons, peu à peu le sol s’aplanit vers un village juché sur les hauteurs d’une dune, comme une sorte d’îlot. On croirait toucher un port après des heures de navigation sur les houles, et goûter à son approche l’accalmie des flots.

        Mais puisque Tala est situé en hauteur, pour y pénétrer il nous faut encore escalader la dune qui le délimite. En haut, nous retrouvons ces haies de palmes destinées à protéger les jardins et à garantir la bonne tenue du sable.

       

    … Et nous revoici le point de mire des habitants jeunes et vieux, entortillés dans leurs tissus de toile claire. Passés les jardinets nous atteignons les remparts d’argile d’un village rouge à l’ancienne. L’ombre des ruelles étroites nous saisit, avec ses contrastes de lumière et ses tunnels presque noirs. Nous admirons les fines fentes par lesquelles on devine une habitation encaissée dans les profondeurs.
       

     
     
        Puis nous débouchons sur une place où se dresse, éclatant de blancheur, un tombeau de marabout entouré de vieilles outres en peaux poilues. Notre curiosité est ravie, mais malgré nos efforts, nos appareils photographiques ne prendront jamais que les décors, les personnages présents (surtout des enfants) se dispersant obstinément à chaque tentative d’approche.
        Des petits canaux circulent à travers la ville, véhiculant leur ruisselet réconfortant ; et bientôt, nous élevant vers l’autre versant du village où se trouvent les palmiers et les jardins, nous atteignons leur source : une claire et abondante fontaine qui coule à profusion, tombée généreusement d’une ouverture moussue. Quelle surprise et quelle beauté !
        Nous nous apprêtons à faire halte auprès d’elle, fourbus ; mais notre guide nous conseille de nous en écarter quelque peu, le passage étant étroit à cet endroit, et les gens nombreux à venir y puiser pour les besoins ménagers.



     
        Nous entrons sous l’ombrage de la fraîche palmeraie et nous y asseyons pour partager avec appétit les provisions achetées avant le départ : du chocolat, du pain, des portions de crème de gruyère, des figues et des dattes. Frugal repas agrémenté d’eau de source, mais très apprécié dans un tel décor...

     
    À suivre ici
     
     

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    N ef effilée à l’aiguille lancée
    O euvre immortelle aux yeux phosphorescents
    T u es posée adulée encensée
    R êveuse et calme au milieu des passants
    E t la Cité te cajole empressée

    D e tes piliers s’élèvent nos prières
    A tes vitraux se dissout la lumière
    M ère de tous gardienne de Paris
    E mporte-nous dans ton beau manteau gris
     
     
     

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  •       Et voilà : nous sommes le 26 décembre 1984, et notre périple autour de Timimoun va s'achever. 

     
        Déjà des jeunes filles à fichu multicolore s’enhardissent à nous approcher, les mains remplies de petits cailloux pointus qu’elles vendent comme fléchettes du néolithique. En effet, l’intérêt du village consiste en partie dans les découvertes archéologiques qu’on y a faites, essentiellement de petites pointes de flèches en pierre dure ; mais nous avons bien l’intention de les ramasser nous-mêmes et déclinons les offres de vente comme trop onéreuses.
     

    Noël au Sahara : dernier soir à Timimoun

     

        Une promenade dans la palmeraie, puis à travers le village dans l’autre sens, et bientôt nous repartons, car nous savons que le retour sera encore long et ne voulons pas nous laisser prendre par le soir en cours de route.
        Il est près de 15h30 quand nous nous penchons vers le sol à cinq cents mètres de l’oasis sur la direction du retour, pour y ramasser, parmi les multiples petits cailloux parsemés comme des coquillages, des silex à pointe étrangement affinée et travaillée de main d’homme.



     
       Puis c’est la traversée en sens inverse des grandes masses mouvantes dont la couleur varie avec l’éclairage – du brun au gris métallique, en passant par le jaune. Encore une fois, je m’arrête tous les cent mètres pour vider mes baskets du sable qui prend désagréablement la place de mes pieds jusqu’à les écrabouiller dans l’effort de la marche.
        L’un de mes camarades, fort occupé à photographier en tous sens avec toute sa panoplie d’objectifs, attire longuement notre attention sur des traces inconnues qui s’égrènent très régulièrement par paires de petits trous sur les rondeurs lisses aux replis ombragés des dunes… Oiseau ? Souriceau ? Nous ne saurons trancher, et remarquerons seulement que l’animal concerné semble se nourrir des crottes de mulets que l’on trouve disséminées tout au long de la piste, abondamment foulée par les villageois se rendant au marché.
     
     

    Noël au Sahara : dernier soir à Timimoun


        Lorsque les dunes sont traversées, notre soulagement est immense : marcher sur un sol ferme était devenu notre plus cher désir ! Mais il reste encore une heure de voyage pour parvenir à la ville, et la nuit approche déjà… Nous sommes bientôt contraints de renfiler vestes et pull-over, tandis que la fraîcheur tombe, insistante, et que l’astre éclatant s’abaisse vers l’horizon, projetant une lumière rasante sur un paysage de plus en plus rouge, gris, ou vert sur les hauteurs de Timimoun.
        Arrivés en ville, vers 18h , nous nous jetons sur les pâtisseries, les gâteaux au miel… Nous sommes un peu déçus. Nous choisissons l’assiette de couscous, ou pour certains la côtelette-pommes frites, dans la gargote où nous avons coutume de prendre nos repas. La nuit est maintenant tombée.
        Comme c’est notre dernier jour à Timimoun, Farid nous arrangé une petite soirée chez un ami à lui, Ahmed.
        Nous entrons dans une vaste pièce très fraîche, carrée et blanche, dont les murs s’ornent de plâtres à demi travaillés ébauchant des bas-reliefs inachevés. Un réfrigérateur trône dans le coin gauche, tandis que dans la partie droite, des canapés nous attendent autour de tapis. Au centre, des tables basses couvertes de gâteaux et de petits verres, avec une énorme théière dorée posée sur un réchaud. Nous voici de nouveau accueillis avec chaleur !
        L’hôte a mis son chèche et sa robe musulmane pour nous recevoir ; Ahmed, qui n’est donc pas le propriétaire de la maison, est assis à ses côtés, vêtu à l’européenne, et nous présente son frère aîné, installé dans un grand fauteuil. Bientôt Farid se joint à eux, et la conversation se glace assez vite, à cause de la réprobation marquée du contingent féminin de notre groupe pour leur machisme affirmé. Nous avons droit à de longues explications sur la polygamie et les devoirs qu’elle exige de l’heureux mari, obligé selon eux d’avoir certains moyens, afin de traiter aussi bien chacune de ses femmes… Malheureusement de tout leur exposé, la notion d’ « amour » semble totalement absente, et cela me donne à penser, malgré toute ma bonne volonté, que la religion chrétienne est supérieure à la religion musulmane, au moins au niveau de la vision de la femme, et de la vie familiale. Leur religion m’évoque la notion de crainte et de soumission, tandis que la mienne m’évoque une idée de libération et d’héritage divin, ce qui est infiniment supérieur !
        Décidément, ce voyage m’aura appris bien des choses...
     
     
    À suivre ici
     
     
     

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  • En chemin de fer vers Souillac

     
     
    Monts estompés aux regards assoupis,
    Perles de brume aux larmes de pluie,
    Le jour s’est arrêté comme un oiseau pensif…
    Quelques maisons dormeuses et quelques arbres nus,
    La rivière en miroir étendue et glacée,
    Le chemin se déploie, décoloré, pâli,
    Ses mamelons ombrés au loin emmitouflés
    Dans leurs manteaux qui fument…
    L’humidité s’accroche aux murs couleur de terre.

    Un voyage de plus à travers les montagnes :
    Sur les rails endormis il marche un chat tout gris,
    Et les troncs empilés pleurent une longue attente.
    O rouler doucement dans le froid cotonneux,
    Voir rêver les vallons, se gonfler les collines
    Et se blottir les arbres en masses moutonneuses,
    Broussailles aux couleurs ocres, vertes et brunes…
     
    C’est un jour sur la terre
    Qui se rêve en son cœur,
    Qui ferme ses paupières,
    Un jour comme un secret
    Coulé dans son cocon…
     
    O la Beauté du monde :
    Maisonnettes fermées, blotties sur leur chemin,
    Pelouses en corbeille, alanguies, verdissantes…
    Que le sommeil est doux s’il rêve au lendemain ;
    Que le Jour est paisible engourdi dans les sentes… !
     

    14 janvier 2001 
     
     
     

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