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       En hommage au très joli poème de Viviane sur les nuages, voici un poème que j'ai écrit en 1998 pour tenter d'immortaliser une étrange expérience vécue, comme je l'étais à cette époque, de façon très mystique. 

     
       En roulant sur une route de campagne par un temps extrêmement nuageux et éventé, je m'arrêtai soudain sur un replat d'où je dominais toute la plaine, circulairement étendue autour de moi jusqu'à perte de vue, tandis qu'au-dessus de moi le ciel en forme de globe d'un gris fulgurant dessinait des formes dantesques au-dessus des horizons. Je sortis de mon véhicule pour contempler, battue des vents, ces arches qui semblaient s'ouvrir à mes regards, comme des sorties de scène en forme d'immenses champignons atomiques. Il me semblait être un pion posé sur un disque, et le ciel, mouvant et tourmenté, me faisait l'effet de la toile derrière laquelle se tenait le machiniste... Bien sûr, je n'en ai pas de photographie, et celle que je mets ici n'approche pas de la réalité.



    Photo du net  
     

    Arches de terre
    Arches du ciel
    Archer des voûtes éternelles
    Je suis au cœur du Tout
    Et je regarde

    Absente je vous vois abîmes ébranlés
    Mondes entrechoqués sous le poids des nuages
    Trombes de l'avenir soupirs du temps passé
    Virages d'absolu tourbillons de paniques
    Roses bouffées ouatées champignons atomiques
    Du cirque où me voici je vous regarde vivre
    Et ma terre est un disque où tourne ma pensée

    Mais je suis là vivante et je suis là présente
    Présente et immobile
    Présente et silencieuse
    Comme le premier homme au cœur du premier monde
    Emerveillé des cieux stupéfié de la terre
    Ebahi des nuages et ravi par les vents
    Ebloui des lumières et glacé par les pluies
    Comme figé d'amour et de compréhension

    Tu es Celui qui vient
    Je suis Celui qui est
    Enrobée dans ta cloche au cœur de ton mystère
    Je vis de ton Vouloir et de ta Bienveillance
    Je suis comme un fétu je suis comme un témoin
    La porte est comme l'Arche que tu me dessines
    Aux couleurs de rubis de saphir de topaze
    Et d'émeraude et d'améthyste
    La porte que tu dresses est mon Divin Futur

    O Archer lumineux des temps immémoriaux
    Devant toi je m'incline
    Je sais que sans bouger je suis là où je suis
    Et cette toile immense et ce théâtre obscur
    Tu vas me l'arracher
    Et alors je verrai

    Je verrai qui je suis
    Sans les murs du décor
    Sans l'écho de mes rêves
    Sans l'écho de ta voix aux parois du réel
    Et moi ce sera toi
    Et toi ce sera moi
    Forces Puissances introjectées
    Rumeur des mondes infinis
    Retournées en mon sein
    Aux sources mêmes
    De ma Pensée. 
     

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    Et la campagne au petit jour
    Drapée dans son manteau de givre
    Sourit nimbée d’or de velours
    A l’azur glacé qui l’enivre
     



     Vues de la route d'Issoudun à Saint-Aubin,
    puis depuis la maison de Robert Bichet entre Condé et Saint-Aubin
     
     

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    Premier bivouac dans le désert



        Durant les premières heures du voyage, nous écarquillons les yeux pour reconnaître les constellations. Que d'étoiles ! Comme elles paraissent loin, et petites ! Cependant, hormis Orion, je n'en repère aucune bien précisément et bientôt, je m'abandonne à ma fatigue.
        Je fais semblant de dormir, mais j’égrène des prières afin de rester auprès des étoiles qui nous observent. J'ai la tête si pleine de la pensée de Noël que par le froid qui nous étreint et par ces ténèbres épaisses je m’abandonne à cet exercice de concentration, qui petit à petit me détend profondément et dissipe mon mal de gorge. Cela m'occupe jusqu'à El Goléa où nous pénétrons vers vingt-trois heures.
        Le car s'immobilise devant une taverne où chacun se précipite, alléché par les plats chauds proposés à un prix modique. Pour ma part je préfère me dégourdir les jambes en faisant un petit tour dans les rues. Un bon thé à la menthe suffit à me réchauffer, puis comme mes camarades je m'empresse vers la soute à bagages afin de récupérer un duvet devenu des plus nécessaires.
        Lorsque le véhicule s'ébranle de nouveau, notre petit groupe fait tache, frileusement emmitouflé et à demi affalé, parmi les musulmans imperturbablement droits dans leurs robes. J'admire leur dignité tranquille, leur pauvreté aussi, tous identiques qu'ils sont dans leurs cotonnades blanches et leurs manteaux bruns à capuches. Ils ont maintenant enveloppé leur tête dans de grands chèches blancs qui leur protègent visage et cou comme d'épais cache-nez.
        En pleine nuit le car s'arrête, au cœur du désert semble-t-il : comme issu de la bise et du noir d'encre, un individu hagard surgit, harnaché de la même manière, de blanc et de brun... Nous grelottons sous nos duvets, et je me crois dans les steppes de l'Asie Centrale.
        Enfin des lumières apparaissent : Timimoun ! C'est le but de notre voyage. A trois heures du matin, nous nous apprêtons à affronter vaillamment le froid et la nuit pour partir à l'aventure. Chacun récupère son sac dans le compartiment à bagages, et nous voilà partis d'un bon pas, à la lueur des réverbères qui éclairent les parois rouges d'une architecture saharienne agrémentée d'abondants palmiers. Nous quittons le centre ville et les lumières se font plus rares, pour parvenir à l'hôtel. Mais il n'en est pas question à une heure si tardive ! Nous tentons donc de nous réfugier au camping La Palmeraie, mais il demeure lui aussi désespérément fermé... Nous empruntons alors une voie sableuse, à l'aveuglette derrière Daniel toujours rassurant et très connaisseur. Armés de nos lampes électriques, nous commençons à descendre vers la grande forêt des palmiers ; un peu plus bas, affirme-t-il, nous pourrons pour cette nuit planter nos tentes au pied d'un muret d'argile.
        Nous peinons à maintenir nos piquets, tant le sable fin et glacial est meuble sous nos marteaux. Je m'effraie : ne sommes-nous pas installés en pleine route ? On ne discerne rien dans l'obscurité.


    Descente vers la Palmeraie de Timimoun

        Enfin couchée, je ne tarde pas à regretter d'avoir oublié un tapis isolant, car je sens peu à peu la fraîcheur monter du sol et traverser le sol plastifié de ma tente, puis les épaisseurs pourtant moelleuses de mon duvet militaire… Bientôt je dois me rendre à l'évidence : recroquevillée sur moi-même pour tenter de conserver ma chaleur interne, et les pieds gelés à cause de l'entrebâillement de l'entrée, je vois bien que je ne pourrai pas dormir. On ne s'endort pas ainsi à quatre heures du matin après des heures de voyage glacial !
        ...Peut-être me suis-je cependant assoupie quelque temps ? Soudain surgissent des lointains de mon demi-sommeil des voix mugissantes qui semblent issues des profondeurs d'une jungle. Je m'éveille épouvantée. Qu'est-ce que cette fête trépidante ? Ces millions de sons graves aux rythmes inouïs ? Je commence à trembler... De toutes parts jaillissent des accents sauvages, des échos bondissants de voix mâles et profondes, toutes proches. Pourquoi mes camarades ne remuent-ils pas alentour ? N'y a-t-il personne autour de nos tentes ?
        Peu à peu la lumière se fait en mon esprit. Cette monstrueuse rumeur est due tout simplement à la répercussion dans les échos nocturnes de l'appel à la prière émis par le muezzin du sommet des minarets de la ville érigée sur la colline. Les accents modulés du Coran passés dans ce filtre grossissant se sont abattus sur mon assoupissement commençant avec une soudaineté effrayante, peu avant l'aube. Je fais donc la sourde oreille, trop épuisée pour répondre à l'injonction qui de fait, ne semble toucher aucun de mes compagnons...


    Le muret qui entoure la palmeraie de Timimoun ; au fond, le paysage des dunes
    (grand erg occidental)
     
     
    À suivre  ici
     

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  • Forêt domaniale du Plomb (Cantal)
     
     

    Arbre serpent
    Gardien tentaculaire des secrets de la haute forêt
    Aux monstrueuses ramures comme un dragon figé
    Tu caches un magicien qui s'éveille le soir
    Et qui hante en grondant ces bois enténébrés
    Aux rigueurs de l'hiver tu tends tes doigts glacés
    Et tu souffles à la bise une âpre mélopée
    Les oiseaux prisonniers de ta rugueuse écorce
    Sont tes pauvres victimes
    Sorcier au chapeau noir
    Fuyons vite ces lieux
    Avant que le soleil ne les ait désertés
     



    (id.) J'ignore le nom de cet arbre aux multiples troncs hérissés de piquants    
     



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          D'abord voici une carte, pour que chacun se repère dans notre périple.
     

     
     
     

       
      Nous sommes donc partis de Ghardaïa, qui possède un aéroport, vers le sud via El Goléa, jusqu'à Timimoun, sous le grand erg occidental (entouré).
         À Ghardaïa nous étions en pays arabe, avec une majorité de personnes de type blanc, habitant de jolies maisons blanches. A Timimoun, nous avons trouvé une importante population noire, tandis que le sol et le paysage en général devenaient rouges. Les dunes de l'erg occidental luisaient roses comme au Maroc celles de Merzouga - mais elles n'en avaient pas la hauteur ! Nous y avons cheminé à pied pour atteindre un curieux village planté dans les sables... Mais je vous en parlerai en temps voulu.
     
     
    À suivre ici
     
     
     

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